Le Professeur Gilbert Kabanda, ministre sortant de la Recherche scientifique et innovation technologique, a appelé à une valorisation urgente du génie national. Ce, à l’occasion de l’ouverture du Forum du Génie Scientifique congolais lundi 11 août 2025.Gilbert Kabanda a livré une allocution riche en constats et en appels à l’endroit du Gouvernement et des décideurs nationaux.
Devant la Première ministre, Représentante personnelle du Président de la République, ainsi que les nombreux acteurs du secteur scientifique, le ministre sortant a d’abord salué la montée en puissance d’un génie scientifique national dispersé sur tout le territoire congolais, des centres urbains aux villages les plus reculés, ainsi que dans la diaspora.
Ce génie, affirme t-il, est aujourd’hui une réalité qui s’impose dans la conscience collective, portée par trois éditions du Forum du Génie scientifique. Le Professeur Kabanda a mis en lumière le réel intérêt du Chef de l’État pour ces innovations, précisant qu’il ne s’agit pas d’un simple intérêt protocolaire, mais d’une volonté d’intégrer des solutions scientifiques concrètes pour répondre aux défis socio-économiques et sécuritaires du pays, en valorisant prioritairement les inventions conçues par les fils et filles du Congo.
Le ministre sortant a rappelé que le Gouvernement dispose à ce jour d’environ 400 prototypes d’innovations, issus des deux derniers Forums et de l’édition inaugurée ce jour, prêts à être opérationnalisés.

Parmi les réussites les plus notables, il a salué la récente adoption par le ministère du Portefeuille d’une solution numérique de gestion économique et financière 100 % congolaise, qualifiée d’ authentique révolution dans la gestion des entreprises publiques et fiscales.
Toutefois, l’allocution a aussi mis en exergue un paradoxe majeur. Plusieurs innovations majeures, dont des médicaments antirétroviraux et anticancéreux reconnus par l’OMS, des technologies avancées dans le traitement des minerais stratégiques, une lampe facilitant la prise de sang chez les nourrissons, ou encore un robot de signalisation routière testé à Kinshasa et Lubumbashi, restent encore sans appropriation gouvernementale ni déploiement sur le terrain.
En outre, le ministre a rendu hommage à l’achat par l’État du brevet américain de la batterie lithium-ion conçue par la professeure congolaise Sandrine Mubenga, un signal fort d’encouragement aux jeunes entrepreneurs scientifiques.
Face à ces défis, Gilbert Kabanda a plaidé pour une augmentation significative du budget national alloué à la recherche scientifique, soulignant que malgré une demande présidentielle d’au moins 3 % des crédits publics, l’exécution n’a pas dépassé 11 % en 2024.
Il a par ailleurs insisté sur le rôle fondamental de la science et de la technologie pour la résilience nationale face aux crises sanitaires, sécuritaires et économiques. Enfin, s’adressant à la nouvelle ministre chargée de la Recherche Scientifique et Innovation Technologique, il a recommandé de maintenir un équilibre entre le soutien aux chercheurs académiques et indépendants, ces derniers représentant plus de 85 % des acteurs de la recherche au Congo.
Le ministre sortant a conclu en exhortant le Gouvernement et les institutions à reconnaître que la puissance du Congo réside dans sa capacité à valoriser ce génie scientifique national.
« Yes, we can. Oui, nous le pouvons, faire du Congo une grande puissance scientifique, économique et technologique sur le continent africain et dans le monde », a-t-il martelé.
La rédaction